Durant la Seconde Guerre mondiale, un groupe de femmes et d’hommes organisent en Belgique occupée un réseau de Résistance, dont le but est essentiellement l’aide aux travailleurs réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) imposé par l’occupant.

À l’histoire avec sa grande hache, selon l’expression de Georges Perec, Luc Michel, né à Bruxelles en 1947, a préféré la lente recherche historiographie sur ce réseau dénommé ‟SOCRATE” qui, comme le philosophe, n’a laissé aucune trace écrite. Sa démarche fait découvrir au fil des chapitres comment des documents extirpés de dossiers poussiéreux permettent peu à peu de remplacer dans un récit le conditionnel de l’historien par le présent de l’indicatif du narrateur.

Et comme une histoire devient plus convaincante quand elle concentre toute sa force narrative sur la destinée de quelques individus d’exception, c’est au parcours de ces derniers que l’auteur ancre ce récit historique; réalisant après-coup l’admirable prosodie de la langue française qui permet qu’il suffise que deux lettres s’échangent entre ‟ancre” et ”encre” pour que le jeu des personnages fasse littérature, pour qu’une historiographie boucle un récit palpitant après avoir acquis l’odeur de l’encre, pour que l’Histoire forge un mythe qui répare ou une falsification qui embrouille, pour que la saga de quelques acteurs courageux hisse la grand-voile d’aventures vraiment vécues.

Il fallait les raconter. Car ce chant des hommes et de la terre, c’est tout bonnement l’espérance qu’il relaie : celle de l’oiseau qui cherche son nid, de l’araignée qui tisse sa toile, de l’homme qui, pour survivre, a besoin de fraternité et d’amitié…

Bibliographie